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Tribulations Tanzaniennes

Tribulations Tanzaniennes

Aventures et Mésaventures à Arusha, Tanzanie


Un baobab dans la tête

Publié par Margaux B. sur 29 Août 2013, 17:06pm

Nous sommes le 29 Août 2013. L’accalmie avant la tempête. Dimanche 1er Septembre, je commence la mission dans le nouveau lodge.

Dimanche 1er Septembre, je deviendrais Margaux-à-tout-faire. Margaux-fait la réception. Margaux-aide à faire le ménage. Margaux-fait la cuisine. Margaux-compte le nombre de couverts. Margaux-ponce le bois. Margaux-repeint. Margaux-fait la comptabilité. Margaux-fait de la prospection. A mi-chemin entre Cristina et Valérie Damidot. Je disparais au profit des clients et du personnel. Je ne suis pas la chef d’orchestre mais un maillon de la chaîne indispensable au fonctionnement de l’hôtel.

Je vois déjà le sourire de certains. Deux ans de prépa, une formation école de commerce, et je me retrouve à faire ce genre de mission ? La voix de la Responsable du Service des Stages résonne de concert dans ma tête. C’est la dure loi de l’hôtellerie. Pour faire ses preuves, il faut être passé par toutes les cases. Il faut avoir montré qu’on en veut. Cela veut dire consentir à mettre de côté ses notions de Marketing et de Finance pour un temps. Incomprise par les gens de ma propre formation, je suis mal acceptée par les gens de la profession hôtelière. Je ne viens pas de Lausanne ou Vatel. Qu’est-ce que Toulouse Business School dans l’échiquier hôtelier mondial ? Malheureusement, une aiguille dans une botte de foin. Une aiguille vraiment très fine. Seulement, j’ai ce que je vaux. Je suis ambitieuse et j’en veux. Je sais que ma formation m’apporte vision globale et sens du détail et qu’elle fera la différence à un moment clé de ma carrière. En attendant, je serre les dents et j’apprends.

En allant à Arusha, en Tanzanie, je pensais découvrir un nouveau pays, découvrir le monde de l’hôtellerie. En allant à Arusha, en Tanzanie, je pensais ouvrir des portes. A dire vrai, je me suis rendue compte qu’on les ouvrait pour moi.

Cet aspect professionnel est incroyablement enrichissant. Me dire que je ne me suis pas trompée. Que j’ai une vocation. Cette vocation se fait néanmoins au détriment de ma vie personnelle. Ma maman m’avait mise en garde, et elle sera très contente de voir qu’elle avait raison.

Un baobab dans la tête
Un baobab dans la tête

L’une de mes proches m’a aussi dit avec beaucoup de justesse que je devais penser à moi sinon je finirais par avoir un baobab dans la tête. Et un baobab ça fait vraiment très mal à la tête. J’ai donc réfléchi à une recette miracle pour coupler l’hôtellerie à Arusha et la lutte contre le baobab dans la tête :

Note à moi-même : Faute de talent culinaire et de ne savoir cuisiner sans plaques électriques, inventer soi-même des recettes non culinaires peut palier à ce manque évident de sens pratique.

Préparez d’abord les ingrédients : une tonne de sport, 750g de nouvelles des proches, une cuillère à soupe de chant, un projet porteur en poudre.

Agrémentez chacune des douches par des entraînements poussés des cordes vocales. Chanter fort, avec de la pouizance, musique en fond. Le résultat doit être particulièrement hétérogène. Everyyyyyyyyyyydayyyyyyyyeeee eeez laïÏÏke fauuuurguaaiiiiiiiit, HHoooooollled miiiii dauuuuuuuuun, aaaand briiiiinegue miii baaaaakkk touuuu zzzee voÏÏcees (Local Natives – Black Balloons)

Ajoutez des moments à soi. Rien qu’à soi. Outre la douche. C’est l’ingrédient sport qui entre en jeu. Il aiguise le mental de championne. Vous devez battre les limites, cela permettra d’évacuer les émotions. Vous faites un travail sur votre physique à la manière du caméléon qui change de couleur pour faire corps avec le milieu dans lequel il évolue. Être seule, le Mont Meru en fond, des oiseaux et la musique. Chaque once de poussière soulevée marque le pas. Droite gauche. Droite gauche. Donnez du rythme pour avoir un résultat probant. Continuez le travail pendant une heure durant, en riant, en chantant, en pleurant. Avec pour seuls spectateurs des lièvres. Ces derniers ne peuvent douter de votre santé mentale.

Mélangez le tout avec des nouvelles des proches le plus souvent possible. De votre amoureux tous les jours.

Enfin, vous pouvez ajouter au reste de la préparation finale, notre dernier ingrédient, j’ai nommé: le projet porteur.

Mon projet porteur est un orphelinat avec lequel j’espère collaborer. Il se situe près du nouvel hôtel, c’est pourquoi, une fois emménagée sur place, j’espère et je m’engage à trouver le temps pour contribuer à l’édifice. Une salle de classe minuscule. Qui sert aussi d’église. De jolies fleurs l’encerclant. Pas de tables. Pas de dortoirs. Par quoi commencer ? Comment leur donner ? Sans apitoiement et pitié ? Sans être la blanche européenne qui vient sauver les pauvres petits « noirs » (rien que d’écrire cela, ça me coûte) ? Sans rendre les choses larmoyantes ? Comment trouver un juste équilibre ? Je me refuse à apporter toute aide financière. D’abord parce que c’est la solution de facilité. Et ensuite parce que ce n’est pas d’argent dont ils ont besoin. « Oh les pauvres petits bébés ». En croisant le regard de ces enfants, je n’ai vu que dureté. Ce ne sont pas des bébés, ce sont déjà des adultes qui ont connu tant d’épreuves. Des adultes emprisonnés dans un corps d’enfant. Aucun enfant ne devrait avoir ce regard. Ma première idée est donc d’effacer ce regard, de rendre une petite lumière à leurs yeux. Leur conférer malice et candeur. Ma première idée est donc d’amener un ballon de foot et leur apprendre à jouer, à s’amuser. Sourire. Moi qui apprends à des enfants à jouer au foot, un comble n’est-ce pas ?

Laissez reposer pendant quelques heures. Vous pouvez déguster votre préparation un peu chaque jour.

Finaliste Star Academy 1

Finaliste Star Academy 1

Un baobab. Margaux B.

Des racines. Mes proches.

Survivre à la sécheresse. Prendre confiance en soi.

Fleurir à la saison des pluies. Clore l’expérience à la saison des pluies.

Résister au temps qui passe, parcourir les siècles, les millénaires. Faire fi des critiques et tout mettre en œuvre pour être à la hauteur de ses ambitions.

L'express photo

L'express photo

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J
Trop touchée par cet article, tu es géniale, touchante, surprenante... Pour la cuisine je te conseille de faire des mug cakes et des cookies je sais que tu es douée! heureuse de voir que le sport t'aide autant à ne pas perdre pied, je te verrai galoper devant moi quand tu reviendras! Hate d'en lire plus sur ton projet, Serena attache sa belle crinière blonde et se transforme en Messi, pour sûr ! I love you
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M
2 mois déjà ont passé...Une chose est sure.. Aucune école ne peut apporter ce que tu as déjà gagné...<br /> Il n'y a qu'à te lire pour comprendre tous les changements qui se sont opérés en toi...Quel recul et quelle maturité !
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T
Ma Darling qui cuisine ? J'espère que les clients n'auront pas trop faim, ou alors un goût peu développé... <br /> Je pense très fort à toi ma Margaux. Je crois en toi (et en tes multiples talents).
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